Est-ce la conscience qui détermine l’être ? Ou la vie de l’être qui est déterminée par sa conscience ? Ou la conscience de l’être qui détermine sa vie ?
La conscience est ce que nous avons au plus profond de notre être, qui guide nos pensées, nos actes et nos états. Elle nous permet d’être ce que nous sommes et de vivre ce que nous sommes. Elle détermine nos sentiments, nos valeurs morales, notre façon d’appréhender, de comprendre ce que nous vivons et surtout les actes que nous mettons en face de cette conscience. Issue de notre psychisme, elle est la connaissance pure et simple de ce qui est en nous.
Notre conscience, est notre être, elle est partie intégrante de ce qui nous caractérise, et oui elle va déterminer notre vie puisqu’elle conditionne ce que nous vivons, oui elle est déterminée par notre vie puisque elle est le reflet de nos perceptions, compréhensions et de notre vécu.
Conscience morale et libre-arbitre
Existe t-il une bonne et mauvaise conscience ? Nous avons conscience de ce que nous faisons, des actes, des pensées, des attitudes, des paroles…et notre conscience nous permet d’évaluer s’il s’agit de quelque chose de bien ou de mal. Cette notion du bien et du mal revient souvent dans notre conscience, seulement l’interprétation de ce que nous considérons comme bien ou mal peut être très nuancée, selon notre vécu, notre environnement, notre situation et notre façon d’être. Cependant, nous ne devons pas relativiser ou minimiser nos actes. Est-ce cela aussi prendre conscience ?
Le libre-arbitre, ou la notion de bien et mal pourrait avoir évolué, s’agirait-il peut-être à l’origine d’un instinct de survie, le bien étant lié à la vie et le mal à la mort.
Notre moralité n’est évaluable que par rapport à nos actes, celle de nos pensées reste secrète aux yeux des autres, voire inavouable pour certains. La repentance concerne nos actes, c’est à dire que nous avons pris conscience de la portée immorale de ce que nous avons fait, donc nous le regrettons. Trop tard, mais « faute avouée à moitié pardonnée » dit-on pour se faire pardonner nos erreurs. La conscience doit aussi nous servir à ne pas agir de façon immorale. La conscience a certainement plusieurs niveaux, puisqu’elle est capable de moralité une fois la faute commise, elle est aussi capable d’anticiper les conséquences immorales d’une action future et de nous permettre d’agir dans le bien-fondé...normalement. Souvent, notre conscience prend conscience des choses après les actes, et non avant. Ainsi, notre conscience peut émettre des hypothèses mais elle ne guide pas systématiquement nos actes?
Conscience et pulsions
Si nous avons conscience que ce que nous faisons n’est pas bien, pourquoi le faisons-nous ? Existe t-il de faibles consciences qui n’ont pas conscience de ce qu’elles font? Sont-ce juste nos pulsions qui prônent sur notre état de conscience. ? En psychanalyse, la pulsion est une force biopsychique inconsciente créant dans l'organisme un état de tension propre à orienter sa vie fantasmatique et sa vie de relation vers des objets et suscitant des besoins dont la satisfaction est nécessaire pour que la tension tombe (d'apr. Bastin 1970). Peut-on opposer conscience et pulsion ? Si la réponse est oui, alors cela signifie que la conscience ne peut être que raisonnée, à l’inverse de la pulsion qui elle ne l’est pas. Or, la conscience n’est pas nécessairement rationnelle, mais elle nous permet de raisonner. Raisonner nos pulsions, frustrer nos élans…est-ce le rôle de notre conscience ?
Notre conscience est très équivoque en fait, elle est à la fois morale et laxiste, analytique et synthétique, empirique et théorique ? La conscience serait-elle une forme d’intelligence, avec des degrés de raisonnements, des degrés d’analyses et de compréhensions guidant l’agir et le non-agir?
Si la conscience est une forme d’intelligence, elle peut se baser sur l’ensemble des éléments qu’elle perçoit, comprend et suppose.
La conscience est en perpétuelle évolution. Elle n’est pas sans nuance, puisqu’elle évolue et est complexe et multiple.
Où se situe et d’où vient la conscience ?
Les scientifiques eux-mêmes sont partagés. Et nous n’en savons rien finalement. Cela reviendrait à nous demander d’où nous vient l’intelligence.
« Les psychologues ont tendance à étudier le fonctionnement du cerveau chez l'individu, en oubliant que celui-ci est le produit d'une évolution génétique et phénotypique qui se produit au sein du groupe. Il faut rappeler que les représentations neuronales se construisent pour l'essentiel lors des interactions en miroir des individus entre eux.
C'est ce qu'il a nommé le Darwinisme neural (neural Darwinism) dès 1987. Celui-ci, dans la ligne du darwinisme génétique, lui a permis de montrer comment, au sein des 100 milliards de neurones du cerveau humain, des neurones ou groupes de neurones entrent en compétition pour traiter les informations reçues dès le stade embryonnaire par le corps situé. Cette compétition a favorisé (ou a résulté de) la mise en place de réseaux de neurones associatifs, au sein du cortex ou d'aires particulières du cerveau, permettant ce que Edelman a nommé la réentrance. » (source automatesintelligents)
Certains considèrent que la conscience, est l’ensemble de nos pensées, sentiments, émotions, connaissances, déductions, issus de notre génétique, de notre évolution anthropologique, de notre expérience, de notre vie sociétale et collective, de notre adaptation à notre environnement, alors elle existe dans notre corps, quelque part.
Se situe t-elle ailleurs? A l’extérieur de nous, comme les spiritualistes ou certains philosophes peuvent le penser, dans quelque chose de plus cosmique puisqu’ils l’apparentent à l’âme.
Difficile d’analyser ce qui est non substantiel ou non matérialisable (pas identifié comme tel mais pas improbable non plus), de nous voir tels que nous sommes de l’intérieur, avec un regard extérieur, c’est un peu la métaphore qu’utilisaient les rationalistes dès le XIXe siècle «Nul ne peut de sa fenêtre se regarder passer dans la rue».
Admettons que la conscience existe réellement en nous, ne soit pas cosmique, elle est un ensemble d’éléments présents dans notre cerveau, nos cellules, notre corps…Si la conscience englobe : nos instincts, nos émotions, intuitions, capacités à comprendre, raisonner, agir…alors est-elle une synergie, une interaction, une connexion, un courant, une matière subtile comme aimait le dire Descartes , une énergie, une création de notre inconscient, qui nous anime, nous permet d’être ce que nous sommes, de développer notre psychisme? Si elle, n’était que la synthèse des éléments, des expériences analysées et traitées par le cerveau ?
Notre conscience n’en reste pas moins une magnifique alchimie. Une lumière intérieure qui illumine et irradie ceux qui nous entourent. Peu importe ce qu’elle est et d’où elle vient, sachons juste ce qu’elle représente et implique.
« Ce n’est pas la conscience des hommes qui détermine leur être ; c’est inversement leur être social qui détermine leur conscience. » K. Marx
« La conscience n'est jamais assurée de surmonter l'ambiguïté et l'incertitude. » E. Morin
"Le sentiment est la perception du corps réel modifié par l'émotion". Spinoza